TAI OC

Le projet TAI OC (programme TETRAE)

Projet TAI-OC, coordonné par D Leenhard (INRAE, UMR G-Eau) et L Lhuissier (Société d’Aménagement des Coteaux de Gascogne) – financement TETRAE (INRAE, région Occitanie)

 

En Occitanie, l’eau est une ressource critique pour l’agriculture. Le changement climatique renforce cet état de fait, avec des probabilités plus fortes d’occurrence d’épisodes de sécheresses et de températures extrêmes. En permettant de réduire le stress hydrique des cultures, l’irrigation fait partie des moyens d’adaptation possibles. Elle peut en outre permettre d'introduire des cultures qu'il ne serait possible de cultiver en pluvial uniquement. En favorisant ainsi la diversification des productions, l’irrigation peut constituer un levier important de transition agroécologique et alimentaire. Cependant, elle est souvent vue comme un moyen d’intensifier les systèmes de production agricole, et donc cause d’un fort impact environnemental. Cela explique que l'irrigation et l'agroécologie (AE) n’aient que rarement été pensées conjointement.

L’objectif du projet TAI-OC est de co-instruire, avec différents partenaires, la question de l’irrigation dans une perspective de transition agroécologique de l’agriculture occitane à différentes échelles. Plus spécifiquement, le projet vise à caractériser les systèmes agroécologiques irrigués d’Occitanie, à comprendre les facteurs de la transition agroécologique de ces systèmes irrigués et à accompagner cette transition par des actions à destination des agriculteurs et des acteurs des territoires.

A l’échelle des exploitations, les enjeux de la transition AE diffèrent selon les situations. En exploitations conventionnelles irriguées (type A), la transition vers l’AE se pose en termes de nature et coût des pratiques AE à introduire et d’impact effectif sur les systèmes de production (type de système et consommation en eau). Sur les exploitations déjà engagées en AE et irriguées (type C), une meilleure connaissance de la gestion de l’eau et de l’irrigation au sein des systèmes de production (espèces, rotations, itinéraires techniques, etc.) est indispensable pour en apprécier la diversité, la pertinence ou les limites, et ainsi préciser les actions de diffusion ou d’accompagnement à engager. Enfin, en exploitations pluviales, conventionnelles (type B) ou engagées en AE (type D), l’intérêt de l’irrigation comme facteur de transition, de diversification et de résilience est posé.

A l’échelle des territoires, se posent la question des leviers à actionner pour favoriser la transition AE et celle de son impact, en tenant compte des réallocations envisagées de l’eau éventuellement économisée.

Ce projet s’organise en 3 volets de recherche (VR1 à VR3) et un volet de valorisation (VV4). Les deux premiers VR visent à comprendre les systèmes agroécologiques irrigués et les innovations associées, notamment en termes d’utilisation de l’eau, aux échelles système de culture et exploitation (VR1) mais aussi les facteurs qui ont permis ou limitent cette transition vers une agriculture agroécologique irriguée, au niveau des exploitations et des filières (VR2). Le VR3 intègrera ces connaissances pour explorer les futurs possibles dans le cadre d’une transition agroécologique des systèmes irrigués à l’échelle territoriale.

Les analyses des VR1 et VR2 seront faites sur et avec les exploitations de type C (agroécologiques irriguées) et leur environnement (filières, politiques publiques, etc.), en veillant à couvrir 3 systèmes emblématiques d’Occitanie : les grandes cultures, le maraîchage et la viticulture. Le VV4 s’emploiera à valoriser et diffuser les résultats du projet, en impliquant notamment les exploitations non irriguées et/ou non agroécologiques (types A, B et D) dans une réflexion sur la pertinence, les moyens, et les manières de combiner irrigation et agroécologie.

Une grande diversité de méthodes est mobilisée dans ce projet : enquêtes agronomiques et économiques auprès d’agriculteurs, consommateurs et acteurs des filières ; suivis agronomiques et hydriques en exploitations agricoles et stations expérimentales ; analyses de la littérature scientifique, des documents techniques et officiels ; modélisation des systèmes biophysiques, des systèmes techniques et des systèmes alimentaires ; méthodes participatives et méthodes d’analyses multi-acteurs et multicritères.

Les résultats attendus sont :

  • une meilleure compréhension des systèmes agroécologiques irrigués d’Occitanie, notamment en termes de performance, d’utilisation d’eau et de diversification ;
  • une identification des marges de progrès dans la gestion de l’eau en systèmes agroécologiques ;
  • une identification et évaluation des leviers et verrous de la transition AE dans ces systèmes irrigués ;
  • des modèles et jeu sérieux paramétrés pour co-construire et évaluer des scénarios de développement de l’agriculture agroécologique irriguée à l’échelle territoriale ;
  • un panel de scénarios de développement de l’agriculture agroécologique irriguée à l’échelle territoriale, associés à une appréciation issue d’une évaluation multi-acteurs et multicritère.
  • des modules d’enseignement et de formation à l’agroécologie des systèmes irrigués.

Date de modification : 06 décembre 2022 | Date de création : 06 décembre 2022 | Rédaction : Laure Hossard